Date: 02.04.2023 Heure: 08:41 GMT
Ajouté le : 31.07.2013 11:03
Plainte au Président de la République
Plainte au Président de la République
Objet : Plainte
Monsieur le Président, Qu’est ce qui arrive ? Un Ministre des Finances qui annule des attributions provisoires dans une forêt classée, le Ministre de l’Intérieur refuse d’appliquer et couvre l’acte de désobéissance ?
Nous avons l’honneur de vous faire part de ce qui suit :
Mr Diop Ibrahima, commissaire à la retraite, se serait reconverti en agriculteur. Dès 2008, il s’est attaqué à Dakhlit El Mavoud rebaptisée par l’administration coloniale « forêt classée de silbé ». Cette enclave a été classée pour la 1ère fois par décret du 14/7/1935 modifiée en 1947 et 1961. Il en a défriché plus d’une centaine d’hectares, au grand dam des populations riveraines. Sans papiers, s’il vous plait. Il ne dispose que d’anciennes concessions provisoires de 30 hectares chacune datant des années 97 au nom de tiers. Ces personnes, par décence, ont évité pendant tout ce temps, de s’attaquer à la forêt.
Après trois campagnes agricoles, il pense à la régularisation. Il se fait délivrer une concession provisoire par arrêté n° 1787 du 21 août 2012 signée du Ministre des Finances. Les complicités auraient caché au Ministre le statut de la zone en question. Cette régularisation grisa le puissant squatteur attributaire et entreprit d’investir la forêt de façon abusive. Il s’introduit dans la forêt avec ses topographes et détermine sans entrave les zones à occuper. C’est ce que ne purent supporter les riverains : communautés Edi –Sawanaabé, Thiélaw, Daressalam(Haratine). Averti et mis au courant de la réalité du statut des terrains concédés précédemment, Le Ministre des finances n’a pas hésité à revenir sur une décision qu’il a jugé comme lapsus calami parce que le terrain en question se trouve sur un domaine classé selon un rapport de son collègue chargé de l’Environnement. Un fait rarissime de courage et de patriotisme.
Ce geste est hautement apprécié par ces populations martyrisées et sans défense. D’où l’arrêté n° 06 en date du 7/1/2013 annulant l’attribution d’une superficie de 120 ha, dont 60 ha au nom de Mr Diop, et 60 ha au nom de personnalités responsables qui craignent d’être en mauvaise posture en investissant en cet endroit. Ils ont donc bradé ces domaines à celui, sans sentiment, qui ose affronter les populations et transgresser les textes par toute sorte de ruse.
Dès la notification de cette décision, l’intéressé s’est posé en victime.
Il frappa à toutes les portes pour faire revenir le Ministre sur son arrêté. Finalement, il attaque cette décision au niveau de la cour Suprême en insistant sur la nécessité du sursis à exécution de l’acte en question. Il mit en avant le fait que la décision d’attribution qui ne date que d’août 2012 a été la cause d’un investissement de 300 millions d’ouguiya. Alors que l’entreprise a commencé depuis 2008. Encore la ruse et la tentative d’arnaquer l’Etat. Si la chambre administrative a accepté la recevabilité du dossier, elle n’ a pas, en revanche, accepté le sursis à exécution. Ce refus de la cour suprême de suspendre cette mesure, n’a pas plié la volonté de Mr diop Ibrahima d’entamer la présente campagne sur un site duquel il a été bouté. Il entreprend sa campagne comme si de rien n’était. Pourtant le décret n° 10.028 du 17 février 1961 portant modification des limites de la forêt classée de Silbé, le plus récent en la matière, est toujours en vigueur. Or ce texte rend inexistante toute décision d’attribution de Wali ou de Ministre, pour incompétence. Seul un texte de même niveau peut le modifier. C’est une lapalissade du droit reprise par l’art. 33 de la loi 2007-055 portant code forestier. L’intéressé est en train de manœuvrer intensément. Son intention est de faire accepter que tout l’arsenal juridique de protection de cette forêt est désuet, y compris le code forestier de 2007 qui insiste en son art.5 sur le caractère inaliénable et imprescriptible du domaine classé de l’Etat. En vérité, il est difficile à tout cet arsenal juridique favorable à la protection du bois et aux populations riveraines, de résister au trafic d’influence dont cette personne use et abuse. Sur ce plan, il est puissamment soutenu par le Ministre de l’Intérieur dont l’implication personnelle change la situation. Les textes sont impitoyablement bafoués, la solidarité gouvernementale ignorée superbement. Alors que le Ministre des Finances et son avocat, le Procureur Général s’emploient à défendre la légitimité de la décision administrative, au niveau local, l’administration soutient fermement l’adversaire en lui permettant d’ignorer l’arrêté ministériel et en construisant une série d’arguments fallacieux qui résistent par la seule force publique, non à l’analyse. Au secours, Monsieur le Président. Cette injustice criante est en train de muer des populations paisibles en redoutables rebelles. C’est que cette action est en passe de provoquer un bouleversement écologique et socio-économique immense. Car le mécanisme de circulation des eaux est détruit.
Les bois restants, les cuvettes, les mares, les affluents sont asséchés et/ou obstrués. Le terroir est jonché de trous béants où se noient, en période d’hivernage, les animaux. Les cimetières de nos ancêtres sont profanés impitoyablement. Certaines communautés sont cloisonnées, certains moyens de survie sont supprimés. Tout cela est choquant et provoque, à terme, sur le plan environnemental, la disparition des bois alentours si des mesures de réparation ne sont pas entreprises d’urgence. Les communautés riveraines sont inquiètes. C’est la première fois que ces communautés, toutes sensibilités confondues, d’habitude fatalistes, se mettent debout pour s’opposer vigoureusement à une injustice. C’est que les dégâts sont excessifs. Il aurait été plus civique que les parties en litige privilégient la voie des procédures administratives et judiciaires. La force et la ruse ne doivent pas prédominer, comme c’est le cas. Même le fait que l’affaire soit pendante en justice et connaitra probablement très bientôt son dénouement, cela ne prive pas pour autant Mr Diop de continuer ses activités, avec l’appui de son réseau de soutien dirigé par le Ministre de l’Intérieur. Il ne cesse de remuer le couteau dans la plaie.
Par ailleurs, Mr Diop et le Ministre de l’Intérieur ne semblent pas jaloux pour leur pays. Sur l’autre rive, en face, la forêt jumelle, majestueuse, superbe, splendide, est encore intacte. Elle semble s’apitoyer sur le gâchis que subit son vis-à-vis et dont elle est le témoin impuissant. En matière de défense nationale, la différence est de taille. Sur notre rive, tout est à découvert. Le cheminement, le camouflage sont impossibles. En plus, ce périmètre est un point clandestin de traversée des étrangers. Ceux-ci traversent le fleuve chaque jour sur prétexte de rejoindre ce lieu de travail. Les riverains, malgré leur pauvreté, répugnent de travailler sur ce chantier.
Le pire est que rien ne laisse présager, sur le terrain, que l’esprit et la lettre de la législation et la réglementation en vigueur, y compris l’arrêté du Ministre, seront respectés. Les interprétations, les interventions de cette personne, doublées des interférences inopportunes de Ould Beilil qui alternent menaces et voies de fait en choisissant de terroriser plutôt que de convaincre. C’est ainsi qu’il a lancé de nombreux soldats contre des citoyens en sit-in sur le lieu du périmètre, objet du litige. C’était l’occasion pour lui de prouver son « amitié » à son protégé par l’humiliation qu’il a fait subir à des personnes âgées dont des octogénaires devant leurs épouses et leurs filles. Ce qui exacerbe la haine au lieu de contribuer à régler le problème.
Pour constituer jurisprudence en la matière et faire la lumière sur ce crime environnemental et économique aux effets néfastes durables, les riverains réclament une action énergique d’envergure. Leur pensée ainsi que leur espoir vont au Président de la République qui a eu à sévir contre maintes injustices et réussir les arbitrages les plus complexes.
Ce qui est évident et que le trafic d’influence empêche de voir c’est que Mr Diop a bravé l’interdiction en occupant illégalement cette forêt, l’a investie, en a coupé le bois, a perturbé son écosystème, l’a mis à mal. Il défie la population et jure de s’installer contre son gré. Son manège continue à ce jour malgré l’absence de tout alibi suite à l’annulation des concessions provisoires. Il continue d’utiliser tout son potentiel d’influence et de ruse pour nier l’évidence de l’existence d’une forêt classée en cet endroit malgré les repères encore voyants et le décret de classement.
Etant donné la grande confusion que ne ce cessent d’entretenir ce superman et son puissant réseau de soutiens face à la vérité inaudible des populations démunies, nous vous prions de faire prendre des mesures urgentes pour une enquête transparente afin d’établir la vérité des faits signalés en particulier à propos de l’occupation illégale de ce patrimoine national classé et de la destruction massive dont il est l’objet. Auparavant, il est nécessaire de garder le statu quo ante par l’exécution de l’arrêté 06/MF du 7 janvier 2013 en suspendant tous travaux sur le périmètre considéré jusqu’au prononcé du délibéré de la Chambre Administrative.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos meilleurs sentiments.
Pièces jointes :
- 1 photocopie de l’arrêté 1787
- 1 photocopie de l’arrêté 06/MF
- 1 photocopie du décret 10.028 du 17/2/61
- 1 photocopie du message du Wali Brakna
- 1 photocopie de la 1ère page de la loi 2007-055
portant code forestier (art. 2 art. 5)
Les représentants des villages.